Conte de Nykterinós
6/13/20238 min read
Il y a bien longtemps; une femme qui vivait sur une petite colline, en contre-bas de sa cabane, dans la vallée prospéré un petit village. La femme se nommait Nykterinós. Elle était née dans le petit village, mais malgré son attachement à lui, elle préférait sommeiller loin du reste des humains. Pourtant, elle était une membre active de sa communauté. Souvent, elle cultivait le flan de la colline et donnait le surplus de grain au meunier au lieu de le stocker ou de le vendre. Elle ne disputait jamais les enfants qui venaient chahuter dans la paille, ni les amants qu’elle pouvait parfois surprendre à chahuter dans les bois qui bordaient son domaine. Bref toute aller pour le mieux, pour elle comme pour le village.
Mais, évidemment, il fallait un « mais », un jour la guerre arriva. Un envahisseur, la guerre civile, des bandits ou que sais-je encore. Le visage de la guerre n’avait pas d’importante, seul sa présence comptait.
Au début, le village fut une victime indirecte. Les habitants manquèrent de si et de ça. Les matières importées disparaissaient des étals. Cela ne provoqua que l’agacement de certains, mais dans l’ensemble, la vie restait inchangée.
Cela continua et continua, jusqu’à ce que les étals n’aient plus que ce qui était prévu sur place. La transition vers l’autarcie fut rude, mais elle se fit.
La guerre, non-contente de dévorer les vivres, avait toujours faim. Elle dévora alors les jeunes gens, les mobilisant pour les amener à une mort certaine au champ d’horreur. Nykterinós aurait dû être de ceux-ci. Mais les recruteurs ne s’intéressèrent pas à la colline où se trouvait son abri.
Il ne resta rapidement au village que des infirmes, des vieillards et des enfants. Si certains avaient encore (ou déjà dans le cas des enfants) la force de travailler la terre, c’était le travail de Nykterinós qui nourrissait l’essentiel des villageois laissés pour compte. Lors des soirées où le soleil ne semble pas réussir à trouver le repos et où ses rayons agressent qui compte s’aventurer à sa portée, on pouvait la voir labourant la terre, tractant sa charrue elle-même. Les ayant été soit saisi par l’armée, soit tué, car on ne pouvait les nourrir ou bien que même devait être de la nourriture. Elle suait, un soleil assassin dessinait ses courbes, laissant transparaître une silhouette habituellement réservé à ceux qui sont mort de faim. Pourtant, au fond de ses yeux, on pouvait lire cette phrase « Quelles que soient les épreuves, les ennemies ou les menaces, je ne craquerais pas. Je viendrais à bout de tout ».
Elle réussit à faire subsister le village en y laissant sa santé, mais au moins tous été en vie et reconnaissant. Elle s’accrochait à l’idée que soit la guerre s’arrêterai et les jeunes gens partis pourrait l’aider dans sa tâche. Soit-elle continuée jusqu’à ce que les enfants deviennent adultes et la remplace.
Le village était presque redevenu vivable. Mais malheureusement, la guerre n’était pas la spécialité du dirigeant de sa nation. Bien qu’il fût au fin fond du pays, loin de l’intensité du conflit, l’ennemie ne tarda pas à venir mettre la main sur le village.
Ce fut d’abord le retrait des troupes alliées dans la région qui se poussa les habitant à se questionner. Mais rapidement, les bottes de l’ennemi foulèrent le sol des campagnes environnantes. Tous savaient qu’ils pilleraient le village en les laissant pour mort, s’ils ne les tuaient pas eux-mêmes. Les villageois s’assemblèrent des armures de bric et de broc afin de se protéger de la menace. La plupart étaient faites du peu de métal qu’ils avaient pour couvrir leurs têtes, et de tonneau éventré en guise de plastron. Ils réussirent cependant à réunir une unique armure digne de ce nom, il ne lui manquait qu’une épaulière. Pour la foule désespérée, il semblait évidemment que cette armure dût advenir à la personne la plus apte à combattre.
Nykterinós devint alors l’équivalent d’un général, elle organisa les défenses du village au plus vite. L’assaut devait avoir lieu dans les prochains jours, il ne pouvait en être autrement. Quand le soleil se coucha, Nykterinós arrêta un instant de travailler afin de contempler ceux qu’elle tentait de protéger. Ils étaient misérables, malgré leurs efforts, la défaite serait inévitable et nul ne survivrai à ce massacre. De plus, à force de trimer si fort, elle commençait à se demander combien de temps elle pourrait encore tenir avant que son corps ne lâche, laissant les vieux et les enfants sans défenses.
Elle prit alors une décision forte, pleine de courage ou d’imprudence. Elle porterait le premier coup, elle frapperait de façon à ce que l’ennemie ne se relève pas.
Sous cette impulsion, elle revêtit son armure et parti en direction du camp de soldats le plus proche. À la faveur de la nuit, elle s’infiltra à l’intérieur, trancha la gorge des quelques sentinelles chargées de surveiller le camp dans la plus grande des discrétions. La mort elle-même n’aurait pas fait de plus belles œuvres. Une fois la voie dégagée, elle se rendit dans le dortoir central et élimina quasiment l’intégralité des soldats endormis avec une froideur et une efficacité qui glaçait le sang.
Mais un soldat insomniaque d’un des dortoirs secondaires tomba sur le corps inerte d’une des victimes de Nykterinós. Il sonna l’alarme qui réveilla immédiatement le camp, Nykterinós sortit en trombe du dortoir centrale, mais fut repéré par un soldat. Il tenta de lui asséner un coup d’épée au ventre, mais cette dernière esquiva sans mal, mais se retrouva rapidement piégée à l’intérieur du camp. Elle défendait farouchement sa position, tranchant la chair de quiconque voudrait l’approcher. À ses pieds, elle saisit une lance abandonnée par un soldat vaincu et tenait en respect ses adversaires, mais il était nombreux, et elle ne tiendrait pas éternellement.
De leur côté, les soldats avaient vaincu l’effet de surprise et c’était réorganisé, rapidement une rangée d’homme muni de crache-feu se mit en position derrière leurs confrères qui combattait notre héroïne.
Quand elle prit conscience de leurs existences, elle utilisa sa lance pour asséner un violent balayage qui renversa l’ensemble des soldats ennemis, puis profitant de cette occasion se rua vers l’abri le plus proche.
Une fois à l’intérieur, elle se dépêcha de baisser l’épais volet métallique de l’unique fenêtre de son abri, puis utilisa sa lance pour sceller la porte. Cependant, la porte était vieille et mal entretenue, c’était une question de minutes avant qu’elle ne cède.
Nykterinós lutté pour réfléchir efficacement et fit l’inventaire de ses ressources : elle s’était visiblement enfermée dans une sorte de débarras ou était entreposée toute sorte de chose notamment des vielles lampes, de la paille pour chevaux, des vivres et deux ou trois tonneaux servant de rangement pour armes. Elle prit alors dans l’un deux une épée et un bouclier qui remplaceraient sa lance désormais inutilisable. Elle renversa entièrement le cagibi à la recherche d’éléments propice à sa survie, mais en vain. De plus, les coups des soldats allaient bientôt faire céder la porte. Elle enrageait de ne pas trouver de crache-feu qui lui permettrai de toucher ses adversaires à distance et éventuellement de créer une occasion de sortir du camp.
Dans son désespoir, l’acculée eu une idée : elle imbiba la paille d’huile de lampe puis la fourra dans son armure. Une fois l’armure entièrement bourrée, elle trempa, et appliqua l’huile dessus. Les lampes qu’elle n’avait pas utilisées pour son plan lui servirent à confectionner une ceinture.
Derrière la porte, elle entendait l’assaut régulier d’un soldat sur la porte. Durant l’intervalle entre les assauts, Nykterinós retira la lance qui barricadait la porte. Quand le soldat tenta de redonner un coup, la porte s’ouvrit brusquement et l’attaquant tomba à l’intérieur. Nykterinós l’abattit d’un violent coup à la nuque, puis couru se jeter dans le feu de camp le plus proche.
L’explosion fut d’une telle force que la nuit elle-même semblait s’embraser. Les flammes chassaient la noirceur du ciel comme si elle tentait de remplacer le soleil. Mais surtout, un violent souffle brûlant balaya le camp. Les soldats les plus proches furent tués sur-le-champ, ceux plus éloignés étaient brûlés au moins partiellement. Les plus malchanceux des survivants étaient défigurés, en plus du traumatisme du souvenir de tous ses hommes morts en une fraction de seconde, ils devraient vivre avec cela. Au moins, ils étaient en sécurité, l’assassinent était morte. Le calme allait revenir au camp.
Au village, dès le lendemain, la nouvelle de cette disparition donna un violent coup de fouet au moral des quelques bougres attelés à la défense. Ils préparèrent des barricades et organisèrent des stratégies en une vitesse incroyable. Cependant, l’espoir ne fait pas tout, ils se doutaient bien que les représailles soient terribles. Ils étaient morts et ils le savaient. Mais cela ne voulait dire qu’une chose, ils n’avaient rien à perdre. Ce n’étaient plus des vieux ou des enfants, ce n’était que des corps animé par la seule rage de se battre contre les meurtriers de leurs protectrices et nourricière.
Quand ils virent pointer au loin les armoiries de leurs adversaires, leurs sangs bouillonnaient du même feu qui avait consumé Nykterinós. Les soldats furent d’abord surpris de voir cette armée de mort-vivant protégeant farouchement leur fort de débris. Ces derniers étaient déjà démoralisés par les événements survenus dans leur camp. Ils ne songeaient qu’à panser leurs plaies et à enterrer leurs morts. Leur chef ne l’entendait pas ainsi. Le village devait être rasé. Les habitants tués. Le sol contaminé afin que rien ne repousse. Il fallait envoyer un message fort aux villages des alentours.
L’armée se mit en branle, se préparant à envahir les minables fortifications. Une fois placé, un silence de mort pris place. Tout le monde savait ce qui allait se passer. Le drame qui s’apprêtait à être écrit. Les futures martyres ne lâchaient rien.
Le clairon sonnait, l’armée courra mollement leurs victimes. Tout d’un coup, le bras du premiers soldat à tenter une attaque fut coupé net. Il fut ensuite projeté 10 mètres plus loin, stoppant l’avancer de ses frères d’armes. Un vent bleuté tourbillonna autour des défenseurs. La température chuta, transformant le vent en blizzard. Le soleil fut avalé par une pénombre semblant sorti des tréfonds de la terre. Toutes les chandelles étaient évidemment soufflées. La seule lumière émanait du bouclier azur érigé autour du village.
Elle semblait s’intensifier à mesure que le blizzard gagné en puissance. Les soldats étaient ne pouvait bouger face à ce spectacle, à l’exception des plus pleutres qui s’étaient déjà enfuis. Mais cette prestation fut interrompue par un tout nouvel événement, un flash fut émis par ce rempart magique. Un aigle spectral gigantesque de la même couleur que le vent se mêla au tourbillon. Après avoir virevolté tout autour des vieillards et des enfants, il surplomba la ville. Sa splendeur était telle qu’un millier de diamants ne valait moins qu’un instant à le contempler. Ses plumes pareilles à d’immenses boucliers semblaient aussi tranchantes que des épées de grands-maîtres.
Après s’être étendu de toute sa grâce, il lança un regard inquisiteur aux envahisseurs avant de tourner la tête. Il poussa un cri surpuissant. Au même moment, son corps se mit à briller de plus bel. Sa lumière déchira la pénombre qu’il avait lui-même provoqué et disparu avec elle dans un second cri qui fit trembler la terre et vibre le ciel.
Les soldats étaient calcinés. Tous les soldats, tous ceux par-delà le monde qui aurait pu tenter de s’en prendre au village. La paix était désormais garantie pour tous les défenseurs abasourdis. Ces derniers tombèrent au sol de soulagement avec la même lourdeur de la neige qui retombait au sol. Pour eux, c’était clair, Nykterinós s’était vengé. Elle avait même profité de son entreprise de vengeance pour accomplir un ultime service à sa petite communauté.
On raconte qu’encore aujourd’hui Nykterinós sous sa forme d’aigle défendrait les faibles et les innocents à travers le monde, laissant derrière elle une neige tombant éternellement.









