La planète rouge

5/13/202315 min read

Quel chemin parcouru afin de n'arriver ici, que d’effort et de sueur. Tant d’hommes et de femmes ont donné leurs labeurs afin que je me tienne ici. Si je devais chercher l’origine de cette solidarité englobant toute l’humanité, je crois que cela remonte au début de la conquête de l’espace.

Elle débute le 4 octobre, lorsque Spoutnik s’envola dans le ciel de Baïkonour. Ce petit satellite de 83 kilos fut le premier objet crée par l’homme à côtoyer les étoiles. Il marqua le début de la course à l’espace, l’emblème de la lutte entre le capitalisme américain et le communisme. Cet adversaire était sans doute le plus dur que nous ayons dû affronter au cours de notre histoire. Mais spoutnik, depuis l’espace, veiller sur nous et nous guider vers la victoire.

Le monde entier avait dû choisir entre collaborer avec nous ou avec l’oncle Sam. Les pays d’Europe tentèrent de changer la donne dans l’avenir et de doubler nos efforts. Cela fut, malheureusement pour eux, inefficace. Tous leurs efforts furent balayés par la botte de Yuri Gagarine. Le 21 avril 1961, à bord de la fusée Vostok, il devient le premier homme à voyager dans l’espace. Il asséna un violent coup violent au moral de l’Amérique et de ses alliées, regonflant du même coup la foi en notre idéologie et insufflant la passion de l’espace à toute une génération.

Cependant, dans l’avenir, tout n’était pas au beau fixe, l’économie périclitant de la mère patrie affaiblie la recherche dans la lutte contre l’espace. L’Amérique en profita pour tenter de redorer son honneur. Tout l’URSS trembla quand le 16 juillet 1969, l’imposante fusée Apollo 11 se dressait devant nous. Elle et son équipage nous narguaient, comme pour nous doubler sur la dernière ligne droite. Le monde entier était suspendu à ces réacteurs. On raconte que quand ils se sont allumés, Staline lui-même se serait évanoui.

Heureusement pour nous, le capitalisme américain a poussé le gouvernement à déléguer les différentes pièces à des entreprises privées. Ces dernières, pour survivre à la loi du plus riche, ont réduit au maximum les coûts. Cela se fit au détriment de la qualité, la structure de la fusée en était fortement altérée.

Au moment fatidique du décollage, la fusée s’embrassa de bas en haut. Elle disparut en emportant avec elle son équipage et les quelques techniciens qui se trouvaient à proximité. En s’écrasant au sol, elle entraîna le moral des capitalistes au plus bas. Semant des graines de doutes dans la psyché des moins convainques par l’oncle Sam.

Par effet rebonds, cette nouvelle donna de l’espoir à tout le peuple soviétique. Seulement ce dernier était plongé de la misère causée par l’incompétence de leurs gouvernements. La précarité étant le terreau idéal pour ficher des graines d’espoir, le gouvernement risquait de récolter une révolution. Une de celles qui renverse l’histoire, une semblable à celle qui les plaça à la tête de l’état.

C’est justement dans l’un des bidonvilles de Saint-Pétersbourg, cœur historique de la Russie, que la révolte commença : le jeune Youri Sokolov s’insurge dans la plus grande discrétion contre la politique répressive de Staline. À ce moment précis « Le mouvement » n’était connu de personne et agissait très rarement. L’objectif des partisans n'était pas de mourir brutalement et de provoquer une nouvelle terreur.

Dans l’ombre de Staline qui sacrifiait un peuple redoublant pourtant d’efficacité sur l’autel de sa folie, « Le mouvement » grandissait silencieusement, gagnant des partisans et des soutiens à travers toute l’URSS. Leurs seules difficultés étaient de ne pas se laisser corrompre par les différentes tentatives des Occidentaux.

Staline, de son côté, s’atteler à d’ambitieux projets tels que le palais des soviets ou la rentrée de la Finlande et de la Pologne dans l’URSS. À l’international, la mère patrie rayonnait économiquement et culturellement comme jamais jusqu’e là elle n’avait fasciné le monde auparavant. Les rouages de cette imposante machine ne veulent pas finir broyés et remplacés. Ils se battront pour leurs vies, pour leurs droits, mais également pour faire appliquer le vrai communisme en chassant Staline et ses disciples.

La seule chose que l’on peut accorder au régime, ce fut la mission « Kosmicheskiy Veter ». Après l’échec américain, c’est sans surprise que le vaisseau vermeil permis à notre peuple de prouver sa puissance scientifique et la fiabilité de son entreprise nationale. Ce fut le 04 août 1971 que le premier homme, l’ukrainien Oleksandr Kovalenko marcha sur la lune. Il laissa à jamais son empreinte métallique sur la surface dévastée du satellite. Devant la beauté de l’univers qu’il contemplait avec tant d’admiration qu’il ne se sentait plus homme, mais simplement poussière, il ne parvint à exprimer nul doute.

Quelques jours plus tard, le cosmonaute vit son pays divisé. Youri avait profité du faite que le monde ait les yeux tournés vers le ciel pour déclarer les terres de Saint-Pétersbourg comme territoire rebelle et bastion du véritable communiste. Il prend la ville sans difficultés, la plupart des soldats le rejoignant afin de briser la réalité sur l’idéal qu’on leur avait promis. Au même moment, une bonne partie des troupes rebelle se terrait patiemment à l’est du pays, attendant la suite du plan de l’état-major.

Staline a du mal à gérer son stress face à cette nouvelle, il devait rapidement exterminer cette menace. Une attaque occidentale était toujours possible bien qu’ils soient menacés par le pouvoir de l’atome. Il envoya immédiatement une bonne partie de l’armée vers la ville insurgée.

Ces derniers ne comptaient pas rester entre les murs de la cité, les troupes de Youri avancent en englobant tout son sur leurs passages. Le jeune résistant avait compris la puissance des mots. La plupart des conflits se résolvaient sans violences, la plupart des troupes ayant servi dans la première armée bolchevique, ils ne tardent jamais à changer de camp au grand dam de Staline.

Pour lutter face à ces désertions de masse, ils réforment l’armée, ne gardant que l’élite qui lui était fidèle. Tous seront renommés « Spetsnaz ». La seconde armée de Youri se réveilla peu après afin de prendre l’armée ennemie en étau.

Ce fut à ce moment que la guerre stagna, les forces de Staline s’amenuisaient de plus en plus. Tous étaient maintenus dans la région proche de Moscou, ultime repaire du vieux communiste.

4 ans plus tard, les troupes à bout de force ouvrent les portes de Moscou. Staline fit une crise cardiaque en voyant les troupes avancées vers le Kremlin. Youri fut assassiné par un loyaliste durant la fête organisé pour célébrer la victoire.

Le 19 février 1975, la « Russie Libre » est déclarée officiellement. Anastasia Petrovsky, ministre de la précarité, devint officiellement la nouvelle dirigeante de la nation.

Les différents états membres de l’URSS sont temporairement perdus sans les ordres de Moscou. Cependant, nous les avons assurés qu’ils auraient des nouvelles du « grand projet ».

Durant l’euphorie générale due à la victoire, de grandes campagnes d’éducation et de lutte contre la précarité. La jeunesse sauvée de la misère et de l’ignorance sera destinée à prendre la relève, mais pour l’heure, elle se prépare et attend son heure.

Dans les mois d’après, l’affaire qui occupa Anastasia fut « Le grand projet ». Elle fit convoquer la presse internationale afin de déclarer l’avenir radieux. Des ruines de l’URSS jailliraient un nouvel ordre mondial dont la Russie ne serait pas la dictatrice, mais bel et bien un membre comme les autres. Le gouvernement d’Anastatia créa l’Organisation des Etats Socialistes Unis, un endroit où tous les peuples communistes pourront faire entendre leurs voix afin de régler les problèmes de tous.

Après cette nouvelle fracassante, la quasi-totalité des états européens changea son gouvernement pour adopter les dogmes socialistes. Cela se passa la plupart du temps pacifiquement, mais les peuples au sang chauds eu prirent immédiatement les armes. J’évoque évidemment la fameuse révolution française de 1977 qui fit couler beaucoup de sang en très peu de temps. Je pense aussi aux multiples mouvements de révolte ayant eu lieu dans les états hispaniques.

Il faut dire que l’adoption du communiste devenait vitale pour toute état désirant rester sur le podium des puissances vital. Cette condition étant nécessaire pour commercer avec les états socialistes qui était déjà plus puissant que la plupart des pays capitalisme (En raison d’une compétition constante entre les entreprises, ce qui pressait les hommes jusque dans leurs limites. Cela avait pour effet de tuer dans l’œuf tout envie et talent chez les travailleurs, des simples machines à consommer.)

Les années suivantes du règne d’Anastasia furent consacrées à démanteler l’immense machine de mort orchestré par le Stalinisme. Ce système concentrationnaire si vaste que celui des nazis n’avait rien à lui envier que ce soit en termes de taille ou d’horreur devait mourir avec l’ancienne Russie.

Les victimes de ce système sont prises en charge dans des hôpitaux spécialisés pour suivre leurs rétablissements et les accompagnés dans leurs rétablissements psychiques. Ils recurent en compensation de leurs peines une somme d’argent proportionnel au préjudice qu’ils ont subie. C’était une façon pour le gouvernement de demander pardon aux victimes de son prédécesseur. L’objectif était également de profiter de l’état d’euphorie dû à la révolution ayant fraîchement abouti pour la transformer en confiance durable et mérité. Cette confiance du peuple en un gouvernement qui la mérite est de loin l’arme qui nous permit d'atteindre là où je suis aujourd’hui.

Les camps furent transformés en musée dédié à l’histoire moderne des touts-premiers états socialistes. Ils furent créés dans un but honnête d’assumer les erreurs passées et les dérives qu’ils ont connus au commencent de leurs mises en fonctionnement. Ils sont également une promesse que l’avenir serait différent, plus proche de l’idéal et centré pour servir l’humain et non l’exploiter.

Si cela eut pour effet de regagner le cœur de la plupart des victimes de l’ancien système, Anastatica savait que certains garderaient une certaine rancœur pour toute forme de communisme. Elle réserva à ces derniers des places dans les hautes sphères de cette nouvelle société. Le but étant de faire en sorte que les gens deviennent des remparts éthiques. Ils sont là pour faire en sorte que le nouveau système ne tombe pas dans les vices de l’ancien.

Si la plupart des citoyens avaient la tête tournée vers les étoiles, le prochain objectif du gouvernement était de libérer les peuples africains de leurs conditions afin que leur peuple vive dans des conditions décentes. Après avoir mûrement réfléchi et débattu dans la grande salle de conférence de Strasbourg (qui fut d’ailleurs inauguré à cette occasion), les différents états trouvèrent une solution.

Il fut communément admis que le plus intelligent ne fut pas d’intervenir sur le sol africain. La vraie solution fut d’ordonner aux états européens d’arrêter d’exploiter le sol africain. Ils doivent arrêter de s’en prendre aux gouvernements des différents états à coup de pot-de-vin.

Si au départ, il n’eut aucun changement. Après quelques mois et un programme d’aide visant à rebooster l’économie, nous vîmes se moderniser et croître à peu près tous les secteurs d’activités de ces états en pleine renaissance.

De plus, les états baltes servirent de médiateur entre les états anciennement colonialistes et les nouveaux états socialistes africains. Les négociations fluctuantes qui ressortirent du traité d’amitié de 1978 laissaient présager l’avenir diplomatique radieux entre ces états autrefois rivaux. Cela permit surtout de montrer l’efficacité de cette première tentative mondiale d’unification et de dialogue des peuples.

L’entrée dans les années 80 marquait la fin de la guerre froide, l’arme atomique semble avoir été la seule victoire notable de l’Amérique. Tous savent que ce n’est qu’une question de temps avant que la plupart des petits états ne rejoignent l’organisation mondiale qui agit désormais comme un énorme pays agissant pour le bien commun de tous ces citoyens.

Toute l’Europe à l’exception du Royaume-Uni en fait maintenant parti. Ce dernier état capitalisme allié des Américains (alliance due à leur langue, culture et histoire commune) voit cependant son influence décroître de plus en plus. Cela était dû à la perte de crédibilité qu’avait subis le pays quand l’Australie s’est révoltée contre le pouvoir en place. L’île manquait de tout en raison des embargo interdisant le commerce entre états communistes et capitalistes. Elle jalousait sa voisine néo-zélandaise dont l’exotisme culturel s’exportait partout à travers le monde. Leur révolution se fit malheureusement dans le sang, mais elle symbolisera les premières révolutions des états récalcitrants. Ceux qui refusaient de diriger pour l’humain, mais bel et bien pour le chiffre.

Les premiers effets de la campagne d’éducation publiée dans le rapport « Victor Hugo », celui-ci expliquait que le taux de diplômés avait crevé le plafond. Artistiquement, le monde rouge rayonnait avec la magnificence qui le caractérise. La culture internationale, notamment grâce à l’accès grandement facilité à l’histoire et la philosophie, leur donnait une vision globale du monde qui leurs à permis de composer d’incroyables symphonies. Ils façonnèrent des ouvrages transcendants et rapprochant les générations. Des peintures dont toutes les couleurs s’accorder dans une harmonie nouvelle ornait les murs de bien des galeries.

Mais la plus grande réussite de ce programme, ce fut sans aucun doute le recul de la religion. Une fois libéré de cette drogue visant à le maintenir en une léthargie permettant son contrôle, il la rejeta et put s’épanouir pleinement. Si les guerres de religions étaits les seules qui secouaient le monde à cette période, elles perdirent en intensité et se dirigeaient vers une fin inexorable.

Avec les ressources de quasi tout un monde, l’Union pu mettre en place l’imposante station spatiale. Elle était un symbole de coopération, les différents modules ayant été produits partout dans le monde. Il est cependant important de noter les efforts des peuples africains, leurs jeunes populations s’étaient montrées enthousiasmées à l’idée de coloniser l’espace. Pour les récompenser de leurs efforts, l’envoi de la totalité des modules se fit sur le continent, notamment à Dakar. Le premier cosmonaute à voyager à l’intérieur fut Hernandez Alejandro. Ce Cubain s’entraînait d’arrache-pied dans ce but depuis que Cuba s’était rangée du bon côté de la guerre froide. Il fut cependant pénalisé par l’emplacement de son île. La localisation de Cuba, la condamnant à se concentrer sur sa puissance militaire tant que les Américains constituaient une menace pour la sécurité nationale.

Une fois en orbite, la station put accueillir Hernandez. Il débuta aussitôt ses expériences. En effet, si officiellement la station était à des fins scientifiques très diversifiés, elle avait pour but secret de préparer le projet ultime de l’exploration spatiale : coloniser Mars. Deux modules (qui était officiellement des réacteurs) sont consacrés à tester différentes techniques pour rendre viable l’atmosphère de Mars ainsi que d’autres visant à rendre plus résistants les organismes vivants, notamment les végétaux. Bientôt rejoint par une équipe de scientifique internationale, le pionner de la science spatiale multiplia les succès.

Sur Terre, les tensions grandissaient de plus en plus entre le maigre bloc américain et le reste du monde. En 1989, l’unification des Allemandes lors de la chute du mur de Berlin eut l’effet d’une traînée de poudre dans l’esprit du peuple anglais, lasse de manquer de tout. Le gouvernement inquiet de voir se multiplier les soulèvements craignait de voir une révolution comme il y en avait tant eu ces 50 dernières années. Il ne chercha pas à subir le courroux de la population et céda en changeant directement le gouvernement de l’état. L’Angleterre était désormais une monarchie communisme, une fusion audacieuse qui plut énormément au peuple. Après moult négociation avec la communauté international, l’Angleterre rentra dans le monde moderne.

Les Etats-Unis étaient désormais seuls, résistant encore et toujours au progrès social. Pour réaliser cet exploit, la loi martiale avait été instaurée partout sur le territoire. Que ce soit au nord ou au sud, la population tente de fuir vers le Canada et le Mexique. Ces états s’étant donné pour mission de devenir un refuge pour le peuple américain, qui ne supporte plus la situation de précarité extrême qu’il subissait.

Le plan de « siège du progrès » fut décrété, le monde attendrait l’avènement du peuple américain, se montrant sourd à ses cris de détresse.

Je me rappelle de cette situation si particulière, nous avions les ressources pour les aider, mais nous n’avions rien fait. J’avais peur, peur que le communisme que nous avion atteint ne redevienne le stalinisme que nous avions vainque.

À cette époque, je venais de m’inscrire au programme « Space boy ». Depuis Vancouver, je ne pouvais faire semblant de voir tous ces gens qui tentaient de nous rejoindre pour échapper à leur état fachiste.

Pour me rassurer, je m’intéressai à ce que ma génération, pourtant jeune, avait déjà offert au monde. Ce n’était pas l’éducation qui avait mis fin aux guerres de religion, mais une paix avaler difficilement par les croyants pour pouvoir intégrer l’ordre mondial. Il y avait donc toujours de fortes tensions entre les anciens ennemis. C’était ma génération, qui en rejetant la plus vielle forme d’asservissement au monde, permis à ces peuples de faire la paix. Bien sûr, les anciennes générations se sont montrées hostiles à cette nouvelle réalité, mais tout semble indiquait qu’ils emportant leurs dieux dans la tombe.

Pendant ce temps, la jeunesse de Saint-Pétersbourg sortait sa première « étude de psychologie humaine » et appliqua directement les directives écrites dans celle-ci. C'est comme ça que les uniformes quelle qu’il soit furent interdit partout sur le globe. Ce textile avait pour effet d’emprisonner l’esprit des travailleurs. Une fois sous l’uniforme, l’homme ne se sent plus homme. Il se sent supérieur à tous ceux qui n’en porte pas. Il a l’impression d’être à l’écart du monde et que celui-ci lui est soumis. Il se confond dans le pouvoir qu’on lui donne. C’est comme ça que les excès ont lieu, que les abus de pouvoir se multiplient. Cette réforme fut accueillie chaleureusement dans le reste du monde. Nul doute que l’avenir de l’homme s’annonce radieux.

Durant mon doctorat, j’assistais aux transformations écologiques à travers le monde. La mise en place de ce nouveau réseau « internet ». Toutes ces modes, qui s’exportaient à travers le monde, brisant les barrières de langues et de cultures. C’était aussi le début des jeux-vidéos, de la « Poké-mania ». Les années 90 étaient fantastiques, jusqu’à 1995.

On pensait que le temps du sang était abouti, mais c’était oublié l’Amérique. Le peuple pris en otage, dont la libération n’était pas possible, à cause, du pouvoir de l’atome.

Le peuple réussi le 17 janvier enfin à vaincre une bonne fois pour tous le capitalisme. Le gouvernement américain voulu entraîner un maximum de monde dans sa tombe. Leur « président » appuya sur le bouton rouge, rayant New-York, Las-Vegas et Washington. Les représentants qu’ils décidèrent d’envoyer à QG de l’Union furent reçus dans le respect et dans la diplomatie qui s’imposait vu les circonstances. Le monde était complétement uni, malheureusement l’entrée du vilain petit canard au sein de la grande famille sera à jamais taché de sang et de larmes.

Ce fut quelques mois après le 5em anniversaire de cette tragédie que je partis vers la 4em planètes du système soleil. Toutes les lignes d’aéronefs furent mises à l’arrêt, c’était plus par hommage que par réelle utilité. De toute façon, tout le monde avait les yeux rivés sur le discours écris par l’ensemble de l’ordre mondiale et récité par Nelson Mandela. À peine eut-il achevé son allocution que les moteurs me plaquèrent au fond de mon siège. Durant mon ascension, je crus mourir de stress. Pourtant, tout se passa sans soucis. Après un bref arrêt à la station spatial afin de me ravitailler, je pus entamer le voyage de ma vie.

J’arrivai sur Mars 3 mois plus tard. On m’avait prévenu que cela arriverait, mais quand les communications ont sauté, je ne pus m’empêcher de sentir mon échine se raidir. Je n’avais pas le temps de m’apitoyer sur mon sort. J’avais une mission.

Comme prévu, je pus avec l’aide de l’ordinateur transformer mon vaisseau en caisson d’habitations. Je démarrai les premières cultures, branchai les derniers câbles, et installai tout le matériel.

Cette opération me prit 13 jours, on m’avait donné 14 jours pour le faire. Ce 14em jour, c’est aujourd’hui, et puisque ma mission est un succès, je me permets de me reposer. Pour faire cela, je me suis assis un instant devant l’imposant télescope centrale. Je contemple le monde qui m’a enfanté et m’a envoyé vers ce territoire vierge sur lequel l’humanité va composer. Les autres cosmonautes devraient me rejoindre demain. Je vais donc passer les prochaines heures ici. Je médite sur mon monde et son histoire. Il est vrai que nos progrès sont incroyables, nos exploits surhumains. Cependant cela valait-il tout ce sang ? Toute cette suer ? Je me plais parfois à imaginer un monde différent, une sorte d’uchronie. Peut-être qu’il existe une dimension où l’homme a atteint l’endroit où je suis sans devoir sacrifier tant de ces congénères dans la chaudière du progrès. Je suis sans doute trop fatigué, je n’ai plus les idées claires.

Je vais aller me coucher avec toutes ces pensées parasitant mon bonheur. En retirant mon œil de la lentille du télescope, je ne pus m’empêcher d’esquisser un sourire. C’était la première fois que deux planètes rouges se regardaient.